SUR UNE ÎLE DE PÊCHEURS, UNE FEMME AU CARACTERE BIEN TREMPE
- Robert Tobokbe
- 8 mars 2021
- 2 min de lecture
Dorcas Foukui est la troisième génération d'une famille de pêcheurs. La jeune femme de caractère est installée depuis plusieurs années à Bosco kombo, une île qui fait face à la Base Navale sur le fleuve Wouri à Douala (Cameroun). Cette mère de trois enfants se démarque par un courage qui fait d'elle, la seule femme qui s'adonne à ''la grande pêche'', un style de pêche au filet à bord de pirogue en haute mer, pourtant réservé aux hommes. Cette originaire du Nigeria qui vit au Cameroun avec un mari lui aussi pêcheur, a pour ambition de donner à ses enfants un avenir en dehors de la pêche. Elle les pousse à faire des études car elle n'a pas eu la chance d'en faire. Au fil du temps, Dorcas Foukoui a vu les ressources en poissons diminuer du fait du changement climatique. Bientôt, "il sera difficile d'y trouver son compte" confie t-elle.
En haute mer, une partie de pêche avec une femme aux commandes
Après une dizaine de minutes de navigation, Dorcas Foukui, 26 ans fait escale en haute mer. Une étendue d'eau à perte de vue où ne sont visibles que des hommes. ''C'est notre amazone ici. Tout le monde la respecte pour son courage. D'ailleurs elle attrape parfois plus de poisson que nous. Elle a une adresse qu'on ne voit que chez les hommes habituellement'' lance Marcus, l'un des pêcheurs les plus expérimentés de Boscokombo.
D'un vif coup de main, Dorcas Foukui déploie son filet. L'objectif ce matin-là, essayer d'attraper le maximum de poissons possibles. Un pari loin d'être gagné en cette saison sèche qui rime avec rareté. ''Vous voyez ces filets? Ce sont les plus petites mailles de tout mon stock. En l'absence de pluies, les gros poissons se font rares du fait de la marée basse. Mais la pollution y est aussi pour beaucoup. Des années plus tôt, on pêchait beaucoup plus à cette même période. Alors on est obligé de nous contenter des poissons pas du tout gros comme on le souhaite'' explique la pêcheuse qui compte dans sa cargaison, une dizaine de produits de mer dont des carpes, des capitaines mais aussi des crabes. Direction... Le marché au poisson
Au marché au poisson, le temps des affaires pour Dorcas
''Du bon poisson là... c'est du produit frais à bon prix...'' Dorcas a ses clientes habituelles ''C'est chez elle que j'aime acheter mes poissons. Elle est tellement brave que ça me plaisir de me ravitailler chez elle à chaque fois'' affirme Georges, un tenancier de restaurant. Cette mi-journée, Dorcas est malgré tout satisfaite de sa cargaison. Un panier garni d'une dizaine de carpes, de capitaines et de crustacés... De quoi faire espérer à la pêcheuse 28 000 FCFA, un peu plus de 43 Euros, bien loin du chiffre des grands jours. ''Vivement la saison des pluies. C'est une saison où je sors avec mes gros filets, pour une récolte plus importante que celle d'aujourd'hui. Au lieu de 28 000F, c'est souvent le quadruple, voire plus. Mais je commence à m'y faire. Ce n’est pas rien non plus et ça me permet de régler mes nombreuses charges'' explique celle qui parmi ces charges, compte la scolarisation de sa fille aînée.
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